Le temps a été long avant de réaliser votre rêve de musicien, un rêve qui ne vous a jamais quitté…
Quand j’étais enfant, ma grand-mère m’emmenait à l’église où on était entouré de musiciens, c’est là que j’ai su que je voulais faire ma vie dans la musique. Et puis j’ai vu James Brown pour la 1ère fois en concert en 1962, ma sœur m’avait emmené le voir, et ça a été comme une révélation : j’ai su que c’était ce que je voulais faire.
Vous avez fait de nombreux shows où vous imitiez James Brown, sortir de ce créneau était vital pour pouvoir exister par vous-même ?
J’ai fait des concerts où je faisais James Brown mais aujourd’hui c’est ma propre carrière que je veux faire. Les gens me disent que je peux faire les deux, à la fois du James Brown et du Charles Bradley mais je me concentre plus à faire du Charles Bradley. Aujourd’hui tout le monde a vu un show de James Brown et ça n’a plus d’intérêt de le faire. Je préfère être moi même car ça permet au public de ressentir la vérité sur ce que je ressens vraiment : mes douleurs, mes souffrances, les choses que j’ai vécues.
Comment êtes vous arrivé dans la famille Daptone ?
J’ai rencontré Gabe il y a 10 ou 11 ans par l’intermédiaire de Jimmy, un ami à moi qui avait un show à la James Brown. Gabe m’a ensuite présenté Tom qui lui m’a emmené à Staten Island voir ceux avec qui il jouait et quand j’ai pris le micro avec eux, les lyrics sont arrivés tout seul ! De là, Tom m’a dit qu’il aimerait enregistrer quelque chose avec moi et puis je n’ai plus eu de nouvelles pendant un moment [Brenneck parti mettre en marche The Budos Band, les deux hommes se sont en effet éloignés durant 5 ans. La remise en contact s’est faite lors du concert organisé pour les 50 ans de Sharon Jones et qui réunissait l’ensemble des groupes Daptone. Sans groupe attitré, Bradley s’est retrouvé avec The Budos Band en backing-band. NDR]. ]i
Quand on s’est recontacté, il avait déménagé à Brooklyn où il avait un appartement Je suis passé le voir, on a parlé de l’assassinat de mon frère, et il m’a dit « Charles, il faut qu’on mette ça en musique ». Je n’en avais pas envie du fait qu’émotionnellement c’était trop fort et puis on a parlé et parlé, et enregistré quelques trucs sur bandes. Dans sa chambre, Tom avait un piano et on a commencé à jouer et à parler, à parler et enregistrer quelques bribes. Deux mois on passé et Tom m’a demandé de le rejoindre en studio pour écouter Heartaches and Pain. Quand je l’ai écouté, je n’ai pas pu tenir, il a fallut que je sorte. Il m’en a donné une copie que j’ai fait écouter à ma mère qui évidemment connaissait toute cette histoire, et elle s’est effondrée. Je l’ai également fait écouter à ma sœur qui a eu la même réaction et là je me suis dit « Charles, comment est ce que tu as fait ça ? ». Ca m’a pris un moment avant de pouvoir en parler et Tom m’a aidé à le faire et à le mettre en musique. Ca été très dur pour moi de chanter cette chanson qui m’envahissait émotionnellement. Ce sont les gens autour de moi qui m’ont dit « Charles, si tu veux être un entertainer, il va falloir que tu mettes tout ça de côté. Que tu mettes ton cœur de côté quand tu chantes le morceau ». Maintenant je peux le faire.